En regardant les photos que j'avais prises le 17 juillet dans le cimetière de Karrakatta, celle-ci m'a singulièrement frappé.
Pas seulement à cause de l'étrange coïncidence que recèle maintenant cette balade, mais parce que l'image de ce jeune arbre, né au milieu du cimetière, et utilisant la terre enrichie par les morts pour grandir, m'a logiquement rappelé Nadav d'abord, puis l'ancienne citation de Saint-John Perse que j'avais lue dans le texte il y a maintenant cinq ans :
« Ne crains pas », dit l’Histoire, levant un jour son masque de violence – et de sa main levée elle fait ce geste conciliant de la Divinité asiatique au plus fort de sa danse destructrice. « Ne crains pas, ni ne doute – car le doute est stérile et la crainte est servile. Écoute plutôt ce battement rythmique que ma main haute imprime, novatrice, à la grande phrase humaine en voie toujours de création. Il n’est pas vrai que la vie puisse se renier elle-même. Il n’est rien de vivant qui de néant procède, ni de néant s’éprenne. Mais rien non plus ne garde forme ni mesure, sous l’incessant afflux de l’Être. La tragédie n’est pas dans la métamorphose elle-même. »
Saint-John Perse, Discours de Stockholm